Le Deuil dans le féminin sacré AFricain Gassira Tanaba janvier 20, 2021
Le Deuil dans le féminin sacré AFricain

S’abandonner à son chagrin a le pouvoir de guérir les blessures les plus profondes.

“La perte d’un être cher peut être le point de départ de grands changements dans la vie. Tout ne sera plus jamais comme avant. Toutes nos relations avec les autres et avec nous-mêmes sont obligées de changer. Nous devenons une nouvelle personne. Bien qu’une partie de notre cœur soit brisée, l’esprit du défunt demeure. À travers cet esprit, l’amour continue de couler, nous montrant le chemin, si nous le permettons, vers les états supérieurs de grâce et de sagesse pour lesquels nous sommes nés.  “

Sobonfu Somè

La tribu Dagara du Burkina Faso en Afrique de l’Ouest, disent que dans la vie il est nécessaire de faire le deuil des choses qui ne nous servent plus et de les laisser partir. Lorsque on fait notre deuil, on est entouré de sa famille qui rassure en disant que le deuil en vaut la peine et que on doit le faire autant que on le veut. Nous vivons des conflits, des êtres chers meurent ou souffrent, des rêves ne se réalisent pas, des maladies surviennent, des relations se brisent, et il y a des catastrophes naturelles inattendues. Le deuil est une étape obligatoire.

Il est si important d’avoir des moyens de guérir ces douleurs pour continuer à se libérer. S’accrocher à une vieille douleur ne fait que la faire grandir jusqu’à ce qu’elle étouffe notre créativité, notre joie et notre capacité à nous connecter aux autres. Elle peut même nous tuer. La communauté Dagara utilise souvent des rituels de deuil pour guérir les blessures et nous ouvrir à l’appel de l’esprit.

Il y a un prix à payer quand on ne peut pas exprimer son chagrin. 

Imaginez que vous ne laviez jamais vos vêtements ou que vous ne preniez jamais de douche. Les toxines produites par votre corps dans la vie quotidienne s’accumuleraient et deviendraient vraiment puantes. 

Il en va de même pour les toxines émotionnelles et spirituelles. Ce dont nous devons nous souvenir, c’est que plus ces toxines s’accumulent, plus nous avons tendance à blâmer ou à blesser les autres autour de nous. Les gens ne font jamais de mal aux autres avec plaisir, ils font souffrir les autres parce qu’ils sont eux aussi blessés ou en souffrance.

Il peut y avoir tellement de chagrin que nous nous engourdissons à cause des émotions non ressenties et non exprimées que nous portons dans notre corps. 

Les blessures et les douleurs inexprimées blessent nos âmes et peuvent être directement liées à notre sentiment général de sécheresse spirituelle et de confusion émotionnelle, sans parler des nombreuses maladies dont nous souffrons dans notre vie. 

Nombre d’entre nous souffrent de troubles médicaux liés au deuil. 

Pourtant, nous naissons en sachant parfaitement comment faire notre deuil. Nous pleurons naturellement pour nous sentir mieux, pour nous décharger et nous débarrasser de quelques poids sur nos épaules et dans notre âme.

S’il existe un moyen pour tout le monde de faire son deuil ouvertement, je pense que cela diminuera également les reproches et les humiliations qui existent entre les races. Lorsque vous êtes en présence d’une personne en deuil, vous ne voyez plus la couleur, c’est un langage universel. Nous sommes tous en souffrance. Il n’y a pas besoin de blâmer les autres. Le blâme, la honte et la culpabilité viennent du fait que nous sommes incapables d’exprimer notre chagrin correctement. Comment pouvons-nous prétendre être heureux, paisibles et aimants quand nous avons tant de douleur et de chagrin ?

Je crois que l’avenir de notre monde dépend largement de la manière dont nous gérons notre chagrin. Les expressions positives de notre chagrin sont curatives. Cependant, le manque d’expression de notre chagrin ou sa mauvaise libération est à l’origine du malheur général et de la dépression que les gens ressentent, ce qui conduit à la guerre et aux crimes.

Il y a des choses que nous pouvons faire dans la société pour aider à guérir. Nous pouvons commencer par accepter notre propre chagrin et celui des autres. Nous pouvons créer des salles de deuil et des sanctuaires dans les espaces publics où les gens peuvent se rendre pour faire leur deuil. J’ai vu cela se produire dans différentes communautés aux États-Unis et cela a fonctionné pour elles.

Le deuil communautaire offre quelque chose que nous ne pouvons pas obtenir lorsque nous faisons notre deuil seul. Grâce à la validation, à la reconnaissance et au témoignage, le deuil collectif nous permet de connaître un niveau de guérison qui est profondément libérateur. Chacun d’entre nous a un droit humain fondamental à cet amour, ce bonheur et cette liberté authentiques.

Inspiré des textes de Mama Sobonfu Somé.

Sawubona. Je n’existe pas sans vous et vous n’existez pas sans moi. Par conséquent, vous et moi existons à partir de la relation, nous existons à partir du “nous”. Je suis une autre toi

FEMININ SACRE AFRICAIN
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